Philosophie
- Un art afro-brésilien qui trouve son fondement dans une histoire forte
Développée par les esclaves au Brésil, cette lutte déguisée en danse fut aussi une manière de continuer à cultiver ses racines africaines, via ses musiques et ses croyances.
De cette histoire forte, la capoeira garde un esprit de résistance et de malice.
Philosophie
- Un art afro-brésilien qui trouve son fondement dans une histoire forte
Développée par les esclaves au Brésil, cette lutte déguisée en danse fut aussi une manière de continuer à cultiver ses racines africaines, via ses musiques et ses croyances.
De cette histoire forte, la capoeira garde un esprit de résistance et de malice.
- La notion de résistance
A l’origine, la capoeira était un acte de résistance pour s’en sortir : s’il ne s’agit plus d’un objectif concret, la symbolique de la résistance reste très forte dans la philosophie de la capoeira ; si ce n’est pour lutter contre l’esclavage, c’est pour se sortir de la pauvreté, de la rue, des mauvaises influences.
Les coups ne sont pas portés mais feints, pour se concentrer sur la beauté des mouvements et laisser la place à la ruse et à la créativité plutôt qu’à une attaque « banale » : la capoeira n’est pas un art martial comme un autre. Le plus malin l’emporte sur le plus fort.
- L’art de la malice
La ruse, la feinte, plus généralement ce que les Brésiliens décrivent comme l’art de la malice, sont l’essence même de la capoeira. Puisque les coups ne sont pas portés, le jeu ne se base pas sur la force, mais sur la malice avec laquelle le coup s’approchera le plus près possible de l’adversaire pour le déstabiliser.
La maîtrise du jeu repose donc sur la capacité à user de « malicia », ou encore de « malandragem » et de « mandiga ».
La malicia est « l’art de sourire » (dixit C-Mestre Chicote), tout en élaborant une stratégie du jeu : sourire devant la difficulté, puis l’affronter. Savoir se débrouiller au jour le jour.
La mandiga est à l’origine un terme réservé à la Capoeira Angola. Le nom viendrait d’un lieu en Afrique de l’ouest. Evoquant la magie, la mandiga permet d’ensorceler, d’envoûter son adversaire, de l’hypnotiser d’un geste de la main.
La malandragem signifie « l’art d’être voyou », là aussi dans un sens de débrouillardise pour les capoeiristes. Celui qui maîtrise la malandragem sait anticiper le jeu de son partenaire, improviser et feinter pour mieux le tromper.
Cet art de la malice est l’un des seuls éléments qui établit une différence entre capoeiristes brésiliens et non-brésiliens selon C-Mestre Chicote. Les Brésiliens possèdent en effet cet art de la débrouille et de la ruse dans leur peau. Ils l’ont dans leurs gènes marqués par le passé esclavagiste et les parades qu’ils ont trouvées pour tenter d’y échapper.
- Le culte et le sacré
L’aspect spirituel de la capoeira renvoie aux cultes d’origine africaine (notamment le Candomblé), à l’influence des diverses religions du Brésil (indigènes et chrétiennes), et à ses propres croyances personnelles : une mystique complexe qui nourrit chaque capoeiriste à sa façon et transcende les joueurs dans l’espace de la roda, ce cercle magique. Dans la roda, les joueurs ne s’appartiennent plus vraiment, mais s’en remettent aux esprits de la capoeira et à l’énergie émanant de cette ronde, qui les porte à des exploits qui les surprennent eux-mêmes. Improvisation, impulsion et désinhibition sont alors les moteurs du jeu.
- L’homme et la nature
La philosophie de la capoeira prône l’harmonie entre l’homme et la nature ; la force des éléments, la mer, le ciel, la terre, évoqués dans de nombreuses chansons, doit inspirer le capoeiriste.
Le monde animal est aussi une grande source d’inspiration, de nombreux mouvements de capoeira imitant l’agilité des animaux : le macaco (singe), rabo-de-arraia (queue de raie)…
Les capoeiristes sont souvent surnommés d’après des noms d’animaux, d’insectes, d’oiseaux, ou d’éléments naturels (lune..).
- Aujourd’hui, sens de l’effort et respect mutuel
La capoeira aujourd’hui, apprend avant tout le sens de l’effort et le respect de l’autre, c’est pourquoi elle est un vecteur reconnu d’éducation populaire.
Chaque cours, chaque roda se veut un espace convivial et amical, où le capoeiriste laissera aller son imagination, sans compétition avec l’autre, malgré l’apparente rivalité du jeu. Il n’y a ni gagnant ni perdant dans le jeu de capoeira, seulement un échange partagé.
De plus le capoeiriste n’est pas qu’un combattant, puisque dans la roda il prend tour à tour le rôle de joueur, chanteur, musicien.
- L’esprit communautaire
Un groupe de capoeira est bien plus qu’une association sportive : une vraie communauté aux valeurs familiales.
Solidarité, amitié, partage, sont les valeurs intrinsèques de la capoeira, ce qui la distingue d’une activité sportive classique, où l’échange s’arrête à la fin du cours.
L’attribution de surnoms, tradition issue de l’esclavage, permet à chacun d’avoir sa propre identité au sein de la « famille » capoeiriste.
L’esprit de la capoeira se nourrit de ce passé, de ces valeurs, de cette culture et de ces rites ; un mélange complexe, qui fascine ceux qui la regardent, et renforcent l’attachement de ceux qui la pratiquent déjà.
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